Dernier lieu de repos de nombreux pionniers de Bytown et de leurs familles, le cimetière de Barrack Hill était situé en plein cœur de la vieille ville.
À partir de 1826, la construction du canal Rideau a amené dans la région le Corps of Royal Engineers de l'armée britannique et toutes sortes de travailleurs. Le creusement de plus de 200 kilomètres de voie navigable a généré des emplois et attiré bientôt des colons sur la rive sud de la rivière des Outaouais pour y vivre et y travailler. Cela a stimulé l’économie et fait en réalité de Bytown une « ville en plein essor ». Cette nouvelle ville était principalement peuplée d’immigrants anglais, français, irlandais et écossais. Avec l'afflux démographique soudain dans la région, le surpeuplement des zones les plus pauvres et le manque d'hygiène, des flambées de paludisme, de diphtérie et d'autres maladies ont ravagé la population. Ces maladies ont provoqué une augmentation incroyable du nombre de décès qui a incité le lieutenant-colonel John By, ingénieur royal chargé de superviser la construction du canal Rideau, à mettre en service le cimetière de Barrack Hill.
Le cimetière était situé sur un terrain de deux acres délimité par les actuelles rues Sparks, Elgin, Albert et Metcalfe. La population est passée d'environ 1 000 habitants dans les années 1820 à environ 2 000 dans les années 1840. Cet essor a été provoqué par la construction du canal, l'industrie du bois, l'armée, les colons et les nouveaux magasins de marchands pour servir la collectivité. L’afflux de gens a accru la demande de terres et le cimetière de Barrack Hill a été fermé vers 1845 pour accueillir la population croissante. Les preuves laissent penser que les parents des personnes enterrées ont été invités à déplacer les membres de leur famille.
Beaucoup ont choisi de réinhumer les corps dans le cimetière de Sandy Hill, qui se trouve maintenant sous le parc des Jardins MacDonald dans la basse ville (fermé en 1872 et transféré au cimetière Beechwood et au cimetière Notre Dame).
Pendant la construction du réseau de train léger d'Ottawa, on a découvert que certains des restes humains n'avaient pas été enlevés du cimetière de Barrack Hill. Il est fort probable que les membres de la famille n’avaient pas les moyens de payer les frais, avaient déménagé ou que des familles entières avaient été victimes de maladies. La présence de restes de cercueils en bois, de pièces métalliques de cercueils, de puits de sépulture rectangulaires et d'autres indices de pratiques funéraires du XIXe siècle a confirmé que les gens étaient bien du cimetière de Barrack Hill.
À l'été 2014, conformément aux ententes, les restes ont été exhumés par les archéologues avec le plus grand soin et le plus grand respect et transférés au Musée canadien de l'histoire pour analyse. En 2016, une nouvelle partie du cimetière de Barrack Hill a été découverte près de la nouvelle station du Parlement sur la Ligne de la Confédération. Les ententes stipulaient que les experts du Musée canadien de l'histoire pouvaient effectuer des analyses invasives ou non pour déterminer les circonstances du décès, les caractéristiques de la maladie, le sexe, la stature et l'âge au décès. Les restes demeuraient au Musée canadien de l'histoire de manière sécuritaire et respectueuse jusqu'à ce que l'analyse puisse être achevée.
L'analyse archéologique scientifique a révélé des résultats intéressants lorsqu'un minimum de 79 individus ont été récupérés en 2014 et un minimum de 30 individus en 2016, principalement des citoyens de la classe ouvrière. Trente-deux enfants et 47 adultes ainsi que sept enfants et 23 adultes ont été signalés dans les deux groupes respectifs. L'analyse a identifié des preuves de vies difficiles, notamment des signes de malnutrition et de stress corporel, et une dégénérescence squelettique parfois associée à des travaux pénibles.
Sur la base de recherches menées par les Archives de la Ville d'Ottawa sur les pratiques funéraires du XIXe siècle, des mesures ont été prises pour suivre ces lignes directrices. Des cercueils en pin ont été fabriqués, peints en noir et les restes humains enveloppés dans un linceul. Des enterrements œcuméniques privés ont eu lieu au cimetière Beechwood le 25 septembre 2017 et le 4 octobre 2019 pour réinhumer tous les individus retrouvés lors de ces exhumations, sauf deux.
Des services funéraires œcuméniques privés et respectueux comprenant musique, poésie, hymnes, prières et bénédictions finales, avec un corbillard du XVIIIe siècle tiré par des chevaux, contemporains des pratiques funéraires du début des années 1800 ont eu lieu le 1er octobre 2017 et le 6 octobre 2019 pour réinhumer les derniers individus au cimetière Beechwood.
Une plaque commémorative permanente a été installée devant les tombes au cimetière Beechwood pour la première réinhumation en 2017 et une plaque secondaire en 2019. Même si nous ne connaissons pas l'identité de ces personnes, les registres du cimetière Beechwood tiendront compte de ces événements et découvertes historiques et archéologiques. La vie de ces braves gens venus dans cette ville à ses débuts était souvent courte, difficile et certainement précieuse. Leur foi et leur espoir ont dû être une puissante motivation et un réconfort pour eux dans la vie quotidienne au début de Bytown. Ils ont très certainement vécu selon la devise actuelle de la ville « Ottawa-En Avant ».
Le cimetière de Barrack Hill est devenu une pierre angulaire de l'histoire de Beechwood. Lors de chaque visite et avec chaque groupe de visiteurs, nous partageons les histoires de ce cimetière oublié, car on devrait célébrer ces premiers résidents de Bytown et toujours se souvenir d’eux.
Le cimetière de Barrack Hill à Beechwood a reçu l’appui de la Ville d'Ottawa, du Musée canadien de l'histoire, du Musée canadien de la nature, du Canal Workers Heritage Group, du Musée-village du patrimoine de Cumberland, de Parcs Canada, du Paterson Group, de l'Église presbytérienne St. Andrew's d’Ottawa, du Diocèse anglican d'Ottawa, de l’Archidiocèse catholique romain d'Ottawa et de la Fondation du cimetière Beechwood.
Crédit photo:
- Aquarelle de la Basse-Ville vue de la Colline des Casernes près des écluses du canal Rideau et du pont des Sapeurs, Thomas Burrowes, 1845, Archives d'Ontario, C 1-0-0-0-1
- Carte du cimetière Sandy Hill, 1861, Collection de la Fondation Beechwood
- Fouilles archéologiques réalisées par le Groupe Paterson, 2013, Patterson Group, PA1023-D0757