Une histoire des canaux à Beechwood
Le premier canal canadien a été construit à Lachine, vers l'extrémité ouest de l'île de Montréal. Il a été inauguré en 1825 en contournant les rapides de Lachine qui ont longtemps été un obstacle à la navigation et le site d'un portage aujourd'hui disparu.
Le canal de Lachine a eu un impact important sur l'économie de Montréal : il a fait passer la ville du statut de tête de ligne de la navigation la plus à l'ouest du Bas-Canada à celui de port de sortie pour les marchandises en provenance du Haut-Canada, station intermédiaire entre le sud du Haut-Canada et l'Atlantique. Comme le canal reliait les niveaux supérieurs au-dessus de Lachine aux niveaux inférieurs à l'est de Montréal, le débit de l'eau était suffisamment rapide pour produire de l'énergie grâce aux roues hydrauliques.
Les industries se sont déplacées de l'ancien centre-ville de Montréal et même de Québec pour profiter de l'alimentation en énergie qui pouvait servir à faire fonctionner les scieries et les moulins à farine.
Le canal de Lachine desservait les villes et les ports du lac Ontario. La limite élargie des fermes le long du lac Érié devait toutefois composer avec la rivière Niagara et sa célèbre cataracte. Les investisseurs américains ont d'abord trouvé un moyen d'éviter les chutes du Niagara en construisant le canal Érié, achevé en 1825 − la même année que le canal de Lachine. Ils ont poursuivi avec le canal Oswego quatre ans plus tard et le réseau américain a ensuite relié le lac Ontario et le lac Érié au port libre de glace de New York.
Entre-temps, les investisseurs canadiens n’étaient pas restés inactifs. Le canal Welland a été ouvert en 1829, reliant les lacs Érié et Ontario, même s’il a été en proie à des problèmes de tracé et de financement. Mais, à l'aube des années 1830, les Canadiens pouvaient se targuer d'avoir suivi le rythme des Américains dans ce que l'on pourrait appeler la « course aux canaux ».
Le canal Rideau achevé en 1826, plus orienté vers la défense, a été construit par le gouvernement britannique en tant qu'entreprise publique et a été un indicateur précoce du lien étroit entre l'infrastructure et le financement public en Amérique du Nord britannique. D'autres canaux canadiens sont rapidement passés de mains privées à un contrôle gouvernemental. Les canaux étaient des merveilles de technologie et d'ingénierie à leur époque, mais ils avaient de réelles limites.
Même si le transport de marchandises en vrac par voie d'eau était beaucoup moins cher et plus rapide que par la route, cela n'était vrai que lorsque l'eau n'était pas gelée. La quantité de céréales pouvant être transportée à la fin d'une récolte d'automne avant que la glace ne s'installe était limitée; ensuite, cette récolte devait attendre le printemps suivant avant d'être commercialisée. Par conséquent, l'entreposage et le crédit sont devenus des considérations de plus en plus importantes.
De plus, les trois canaux canadiens ont été construits par des compagnies différentes et il n’est pas surprenant que leurs spécificités variaient grandement. Le canal Rideau, par exemple, était deux fois moins profond que le canal Welland, ce qui limitait les navires qui pouvaient l'utiliser et leur capacité à survivre commercialement − ou même simplement à rester à flot dans le lac Ontario. La dette liée aux canaux était considérable et, compte tenu de l'implication de l'administration coloniale, elle laissa le gouvernement du Haut-Canada dans l'incapacité de financer des projets auxiliaires comme la construction de routes.
Les marchands favorables aux canaux proposèrent d'augmenter les impôts fonciers pour remédier à la situation; les agriculteurs opposés aux canaux répondirent que ces grands projets profitaient principalement aux marchands et qu'il faudrait plutôt taxer le commerce pour couvrir la dette.
En 1871, les chemins de fer et même les routes avaient supplanté les canaux comme infrastructure la plus viable dans l'est et le centre de l'Amérique du Nord britannique.
Après l'âge d'or de la construction des canaux, il n'est pas surprenant qu'ils aient eu des conséquences environnementales inattendues. Les quatre Grands Lacs occidentaux se rejoignent, mais ils sont séparés du lac Ontario, du Saint-Laurent et de l’océan par les chutes du Niagara.
L'ouverture du canal Welland a permis de relier les deux écosystèmes et le canal de Lachine a aussi permis de contourner les rapides de Lachine. Cela a permis à différentes espèces de poissons et de parasites de se mélanger pour la première fois.
L'évolution de la navigation − notamment des systèmes de cale − et la montée de la pollution industrielle allaient aggraver cette situation au XXe siècle, mais le processus a commencé au début du XIXe siècle.