New Edinburgh Des milliers d’histoires
Le 20 février 1904. Tout le monde à New Edinburgh connaissait John Ferguson, contremaître à l'usine Edwards. En fait, l'usine a fermé tôt pour permettre aux travailleurs d'assister à ses funérailles à l'église presbytérienne MacKay, les plus importantes de mémoire d'homme, et le propriétaire de l'usine, Gordon Edwards, a envoyé de somptueuses fleurs en hommage.
Alors que le cortège descendait lentement la rue Crichton pour se rendre au cimetière Beechwood, la « petite église allemande » fit sonner sa cloche en l'honneur de John Ferguson, mort d'une pneumonie à l'âge de 68 ans. Après 50 années au Canada et 37 années comme ouvrier aux chutes Rideau, Ferguson va connaître son dernier repos. Un parmi tant d'autres ayant fait ce dernier voyage au fil des ans.
Fondée en 1832 par Thomas MacKay, tailleur de pierre écossais, New Edinburgh, durant ses premières décennies de vie, était un petit village industriel rassemblé autour d'un complexe de moulins aux chutes Rideau. Outre quelques boutiques sur la rue Ottawa (aujourd'hui la promenade Sussex), le village comptait des rangées d'humbles maisons à pignon où vivaient les ouvriers, ainsi que quelques maisons plus imposantes appartenant à des médecins et des avocats ou aux directeurs et propriétaires de moulins.
Lorsque Ottawa a été nommée capitale de la province du Canada en 1857, le village a changé. Une nouvelle population commença à arriver, composée de fonctionnaires et de militaires. À l'instar du gouverneur général lui-même, ces nouveaux arrivants ont choisi de s'installer dans les banlieues tranquilles d'Ottawa.
Dans les années 1880, ils y ont été rejoints par un afflux d’ouvriers allemands, des gens dont les grands-parents avaient été des serfs en Prusse et dont les petits-enfants sont devenus des propriétaires d'entreprises et des fonctionnaires.
C'était les habitants de New Edinburgh. Ils dirigeaient les moulins et possédaient les entreprises; ils fabriquaient les chaussures, conduisaient les tramways, livraient le lait et construisaient les maisons. Leurs épouses préparaient les repas et surveillaient leurs enfants avec anxiété car les épidémies se succédaient dans le quartier, laissant des ravages derrière elles.
Pour beaucoup de ces gens, leur voyage s'est achevé dans la beauté tranquille, presque rurale, de Beechwood, où des milliers et des milliers d'histoires sont enterrées sous de simples plaques de pierre.
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