Madge Hamilton MacBeth : pionnière pour la défense des droits des femmes
Madge Macbeth (née Madge Hamilton Lyons) fut une pionnière canadienne dans le domaine littéraire en défendant les droits des femmes et en abordant les enjeux politiques et sociaux pertinents. Elle fut une auteure prolifique d’innombrablesarticles et nouvelles, de deux romansfeuilletons, de deux mémoires, de pieces radiophoniques et théâtrales et de vingt romans.
Née à Philadelphie, en Pennsylvanie, Madge démontra un penchant littéraire dès l’âge de trois ans en essayant de reviser la Bible, en plus d’écrire et de mettre en scène par la suite des pièces de quartier dans sa ville natale. Après le décès de son père dû à la tuberculose en 1888, Madge déménagea avec sa famille à divers endroits au Maryland. Intéressée par le journalisme, elle créa et géra des journaux pour jeunes, dont le journal scolaire déjà existant au Helmuth College de London, en Ontario, l’école pour filles qu’elle fréquenta au début de son adolescence.
Après sa graduation, elle travailla brièvement comme mandoliniste itinérante de 1899 jusqu’à son mariage en 1901, à l’âge de 20 ans, avec l’ingénieur civil Charles William Macbeth avec lequel elle vécut à Detroit pendant deux ans, puis à Ottawa où elle allait passer le reste de sa longue vie. Veuve après que Charles eut perdu son combat contre la tuberculose en 1908, Madge dut s’occuper de ses deux fils. Afin de pouvoir s’occuper de ses enfants, elle se tourna vers l’écriture.
Durant sa première année, elle fut incapable de vendre un seul de ses articles ou nouvelles. Elle cuisine plutôt des gâteaux qu’elle vendait ellemême. Après environ un an, ses écrits commencèrent à être publiés, avec la parution de ses deux premières nouvelles dans Canada West et dans le Canadian Magazine.
Elle devint une journaliste, romancière et dramaturge très cotée qui, pendant plus d’un demi-siècle, allait contribuer considérablement aux activités littéraires du Canada. Ses talents littéraires étaient peut-être un héritage de sa grand-mère, une des premières Américaines à devenir auteure professionnelle.
En 1910, elle publia son premier roman, The Winning Game. À titre d’écrivaine, qui fréquentait les classes supérieures de la société américaine et canadienne, et d’amie de députés, de premiers ministres et de gouverneurs généraux, elle romança la politique de son milieu dans The Land of Afternoon (1924) et The Kinder Bees (1935). Macbeth écrivit aussi des articles sur les diplomates, les princesses et les débutantes pour les revues Canadian Courier et Mayfair. Sa vision du monde alliait l’assurance de la Nouvelle Femme à la tradition du féminisme maternel.
Macbeth circulait entre les milieux privé et public – en voyageant partout dans le monde, en subvenant aux besoins de sa famille par l’écriture, en faisant du bénévolat dans plusieurs organismes culturels canadiens. Membre fondatrice de la Canadian Authors Association, dont elle fut la première présidente, elle fut aussi impliquée activement dans le Canadian Women’s Press Club.
Son intérêt pour le théâtre, dès son enfance, fut ravivé à Ottawa et elle devint plus tard une des fondatrices de l’Ottawa Little Theatre. Ses nombreux voyages dans des endroits aussi exotiques que Paris, l’Espagne, l’Amérique du Sud, la Yougoslavie et la Palestine lui fournirent de la matière pour nombre de ses écrits et son intérêt pour la littérature et l’art produisit des articles qui familiarisèrent les lecteurs avec des personnes destinées à connaître la gloire, comme Yousuf Karsh.
La majorité de son travail fut publié au Canada par Maclean’s Magazine, Chatelaine, Canadian Home and Garden, Dalhousie Review, Canadian Home Journal et le Canadian Geographical Journal. Entre 1912 et 1937, Saturday Night publia 42 de ses articles.
Elle écrivit aussi des livres et des articles de journaux et elle avait, dans les années 1950, une chronique régulière dans l’Ottawa Citizen intitulée ‘Over My Shoulder.’ Au total, Macbeth publia plus de 20 livres, dont le dernier en 1965, année de son décès. Un ouvrage de la première heure, Kleath, fut publié en 1917 et fut par la suite porté à l’écran sans sa permission.
Durant les débuts de l’aviation civile, elle fit son premier vol qui engendra un article en 1924, Saturday Night, ainsi qu’un livre, Wings in the West, écrit avec le colonel (devenu général) E.L.M. Burns. Plusieurs de ses romans abordaient la politique de façon satirique, raison possible de l’utilisation de pseudonymes pour certains de ses écrits.
Son cinquième roman, Shackles, d’abord publié en 1926 sous le nom de Gilbert Knox, est une oeuvre clé de la littérature canadienne du début du 20e siècle, retraçant une période dynamique de la première vague de féminisme au Canada. L'association de Macbeth avec l’Ottawa Drama League amorça probablement une importante partie de son écriture, celle des pièces de théâtre.
Elle écrivit à la fois pour la scène et pour des dramatiques radiophoniques, ces dernières durant les années 1920 lorsque la nouvelle compagnie ferroviaire du Canadien National ouvrit dix studios radiophoniques dans ses hotels partout au Canada. Les émissions, écoutées localement par les propriétaires d’un récepteur radio, étaient aussi entendues par les voyageurs qui recevaient des écouteurs dans les trains des Chemins de fer nationaux du Canada.
Macbeth écrivait non seulement des dramatiques à partir du studio de CNR à Ottawa situé dans le Château Laurier, elle faisait aussi partie de la distribution. Lorsque le CN cessa ses activités de radiodiffusion en 1932, Macbeth préconisa fermement la création d’un diffuseur national canadien qui allait voir le jour sous le nom de la Société Radio-Canada.
Lorsque Madge Macbeth mourut en 1965, elle fut enterrée dans la Section 19 de Beechwood près de son fils John Douglas Macbeth décédé en 1951. Il avait servi comme officier dans l’armée canadienne durant la Deuxième Guerre mondiale en Italie et en France, avant de devenir adjoint administratif de ministres des Anciens Combattants. John D. Macbeth est aussi l’auteur de Somewhere in England: War Letters of a Canadian Officer on Overseas Service (1941).